Traduit par Clément Lechat
Cet été, notre équipe à l’Université Concordia a aidé à développer une guide de formation pour Documentalistes Canada à Alexandra Park, une communauté vibrante et
active du centre-ville de Toronto. Cette première branche de Documentalistes Canada est dirigée par The Green Line, avec qui nous avons donc travaillé étroitement pour concevoir ce guide. Bien que Toronto et Montréal fassent partie du même pays, elles demeurent des villes extrêmement différentes. Pour créer nos supports de formation, nous avons dû comprendre le quartier d’Alexandra Park et les structures de gouvernance municipales de Toronto, tout en regardant comment intégrer Documentalistes au sein de la communauté.
En un mois et demi, nous avons travaillé au développement d’une formation en trois parties pour la première cohorte de Documentalistes. Voici à quoi a ressemblé ce processus :
- Commencer avec un plan : Le processus de création des sessions de formation peut sembler intimidant lorsque vous débutez. Après tout, vous êtes en train de créer quelque chose qui servira non seulement à former des gens, dans ce cas, des membres de la communauté qui n’ont peut-être pas fréquenté les salles de classe depuis longtemps, mais aussi à capter leur attention pendant une à deux heures. J’ai moi-même travaillé comme graphiste dans un équipe qui développait des programmes de formation. Lorsque nous débutions, nous commencions toujours par créer une liste des concepts nécessaires à inclure dans la formation. Nous nous basions sur eux pour concevoir un PowerPoint, en titrant chaque diapositive avec l’un de ces concepts. Cette structure de base s’apparentait à une liste de choses à faire, avec des idées que nous devions étudier et approfondir
- Faites vos recherches : S’informer en long et en large était également un élément clé de la création de la formation. Pour développer une formation, vous devez en savoir le plus possible sur le sujet. C’est comme si vous vous enseigniez le concept à vous-même avant de l’expliquer aux autres. J’ai dû revisiter tout ce que je savais de Documentalistes. Si j’avais à recommander trois ressources, il s’agirait de :
- L’épisode 13 de The View from Somewhere: The End of Extractive Journalism: Lorsque les journalistes abordent des communautés marginalisées, racontent les histoires des individus et les diffusent sans offrir de soutien ni solliciter l’avis de leurs sources, il s’agit de journalisme extractif. Dans cet épisode, Lewis Raven Wallace, l’animateur du balado, se concentre sur la manière dont deux organisations médiatiques évitent les pratiques extractives en partageant le pouvoir et en produisant un journalisme créé pour les communautés qui sont les porte-voix de leurs histoires, en partageant les informations avec elles. Une de ces organisations est Documenters. (Note de Magda : Cet épisode est incroyable et a changé la façon dont je conçois l’éduction au journalisme, et je pense que toute personne qui se préoccupe du journalisme devrait également l’écouter !).
- “Q&A with Darryl Holliday: Lessons in training everyday people to document public events”-> Cet article détaille le processus de Documenters aux États-Unis en tout simplicité. Il est parfait pour rapidement comprendre ce que fait Documenters et quelles sont ses valeurs.
- Outlier Media’s Meet a Documenter-> Le chapitre Documenters de Détroit publie un article de blog mensuel mettant de l’avant un Documentaliste. Ces articles de blog montrent toute la diversité des expériences des Documentalistes, leurs histoires, et ce qu’ils pensent de Documenters. C’est un excellent moyen de mieux comprendre les personnes qui s’intéressent à Documenters et souhaitent en faire partie.
3. Laissez de la place aux activités : Lorsque j’assistais aux réunions de production des formations, dans le cadre de mon ancien emploi, on mettait l’accent sur l’importance d’une activité centrale pour ancrer les concepts clés dans une situation concrète. Notre équipe a adopté la même approche. En concevant notre formation sur le fonctionnement du gouvernement municipal de Toronto, nous avons aussi intégré des discussions sur son impact dans les enjeux communautaires.
Lors de la deuxième session de formation, nous avons demandé aux étudiants de planifier à quoi ressemblerait une visite conjointe du Conseil municipal pour s’essayer au processus de documentation. Lors de la troisième et dernière rencontre, les membres de la communauté/Documentalistes sont allés au Conseil municipal de Toronto pour observer une réunion, prendre des notes en temps réel et mettre en pratique les leçons apprises lors de la formation. Après cela, ils et elles ont débriefé, et les notes de la première réunion sont devenues leur première publication.
Lors de la troisième et dernière rencontre, les membres de la communauté/Documentalistes sont allés au Conseil municipal de Toronto pour observer une réunion, prendre des notes en temps réel et mettre en pratique les leçons apprises lors de la formation. Après cela, ils et elles ont débriefé, et les notes de la première réunion sont devenues leur première publication.
- Connaître votre quartier et votre gouvernement : Pour nous, cela signifiait nous informer sur Alexandra Park et les structures de gouvernance municipale de Toronto (pas simple !). J’ai regardé des vidéos sur le fonctionnement de la gouvernance municipale à Toronto et lu de long en large le site de la Ville de Toronto. Ensuite, j’ai utilisé les diapositives pour me réenseigner les concepts, en les décomposant de manière à ce qu’elles soient compréhensibles pour quelqu’un qui ne connaissait pas le gouvernement municipal de Toronto. Pour mieux comprendre Alexandra Park, nous avons lu des articles de blog, des articles académiques et de nouvelles, des livres traitant de l’infrastructure populaire communautaire. En mai, nous avons également visité le Centre communautaire Scadding Court, situé au cœur d’Alexandra Park, où nous nous sommes promenés et avons discuté avec les membres de la communauté afin de mieux comprendre ce quartier, au-delà des livres.
- Si vous ne savez pas, demandez : Aucune lecture ou visite ne changera le fait que personne dans notre équipe montréalaise n’a jamais vécu à Alexandra Park. Nos expériences vécues sont différentes des leurs. Afin de combler notre manque de connaissances, nous avons pris contact avec des experts du domaine. Nous avons organisé des rencontres et des entrevues avec des leaders communautaires d’Alexandra Park, pour s’assurer que leur expérience soit bien prise en compte. Dans la formation que nous avons par la suite développée, nous nous sommes assurés d’avoir des intervenants d’Alexandra Park et l’équipe de The Green Line.
- Révisez, révisez, révisez : Impliquer plusieurs personnes dans le processus de relecture permet de s’assurer qu’aucune perspective n’a été oubliée et que le contenu est facilement compréhensible. Lorsqu’on s’immerge trop profondément dans le processus de recherche, les concepts de la formation finissent par devenir plus flous. Des sessions de révision en groupe avec toute l’équipe de Documentalistes nous a permis de discuter, ce qui a souvent mené à plus de clarté et à de nouvelles idées d’émerger.
7. Bonus : Faites des diapositives fun ! Ajouter de la couleur et des graphismes fun (Canva est un outil facile à utiliser, mais PowerPoint est sous-coté pour le design graphique). Des diapositives intéressantes avec un bon équilibre entre le texte et les visuels peuvent aider à maintenir l’attention des participants. En tant que graphiste, je transforme souvent les diapositives surchargées en texte en infographies. Ce que vous ne dites pas dans les diapositives peut être partagé sous la forme de notes après la session de formation. Je recommande de restreindre votre texte à un maximum de six points, quatre étant mieux pour des raisons d’accessibilité.
Ceci est juste un résumé des étapes ayant menées à la création de la formation Documenters Canada. N’hésitez pas à utiliser notre formation (lien ici) comme un point de départ pour vos propres supports de formation. Documenter, c’est partager des informations pour aider les communautés à se sentir plus fortes et mieux informées. Créer votre propre branche Documentalistes suit la même logique : nous avançons toutes et tous vers le même objectif. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter.
Leave a Reply